Jardin de sorcière: des plantes magiques

L’ail est une des plus anciennes plantes connues. Il est
doté de tant de vertus que certaines civilisations l’ont élevé au rang de
divinité. Par extension, toutes les Alliacées ou presque ont été investies de
pouvoir médico-magiques.

Ainsi, ajouté à l’eau du bain, le jus frais d’échalote rouge
donne du courage aux personnes craintives, tout comme une friction à l’ail
raffermissait la détermination des gladiateurs descendant dans l’arène.

Les pelures d’oignon permettent de présager le temps qu’il
fera durant les 12 mois de l’année. La graine de poireau redonne du piquant au
vinaigre éventé.

L’ail a aussi la réputation d’ « absorber le mal » :
en frottant le siège d’une maladie avec une gousse d’ail, celle-ci se « charge »
des humeurs nocives ;il ne reste plus alors qu’à se débarrasser de l’ail
au loin pour être soigné de ses maux. Par exemple, on peut appliquer sur des
verrues des tranches d’oignon cru, maintenues avec des bandages et de les
changer tous les jours. Les verrues vont ainsi tomber. De plus, il ne devrait
pas y avoir de récidive.

Enfin, l’ail aurait la vertu d’éloigner les vampires !!
La nature produit une Alliacée sauvage, l’ail des ours et une plante de la
famille des Brassicacées ( crucifères), à goût d’ail, nommée justement herbe à
l’ail.

Valériane officinale






Du 23 juillet au 24
août se profile dans le ciel la constellation du Grand Chien. Elle se signale
par l’étoile la plus brillante du firmament, Sirius. Ce temps de « canicule »
(de canis, chien) est une de ces
périodes fécondes du calendrier païen où les plantes se chargent de propriétés.
C’est donc la meilleure période pour ramasser la Valériane.

L’herbe aux chats
faisait partie de ces plantes protectrices rituellement cueillies et consacrées
aux déesses de la nature. C’était avant tout un aphrodisiaque, statut qu’elle
conservera jusqu’à la fin du Moyen Age.

Avec l’herbe aux
chats, inutile de recourir aux bons soins d’une sorcière pour se procurer un
philtre d’amour, son emploie est des plus simples. Une décoction de sa racine
dans du vin, partagée par l’homme et par la femme, suffisait à obtenir l’effet
escompté. Ou encore : « Si tu veux qu’une femme se donne à toi,
prends dans ta bouche de la
Valériane et embrasse celle que tu désires ;
immédiatement, elle sera à toi » (Grand Albert)

L’astuce des femmes a
détourné ce stratagème à leur profit : « Quand une femme veult estre
de son mary ou de son amy bien amée, si lui fasse manger herbe de chat, et il
sera d’elle si très-amoureux qu’il n’aura aucun repos se d’emprez elle n’est »
(cité par Paul Sébillot)

Ce viel usage d’herbe
de l’amour est totalement tombé dans l’oubli, peut-être à cause de son odeur
particulière, désagréable selon certain (on parle d’une odeur de punaise
écrasée !!). Toutefois, la
Valériane reste une grande plante médicinale, pour les
troubles nerveux notamment.

Datura







Pomme épineuse,
herbe-aux-fous, datura stramoine, châtaigne puante, les mots ne manquent pas
pour désigner une des nombreuses « herbe aux sorciers »,
indispensable dans tout composé magique. En onguent, en philtre, en fumée, la pomme
épineuse dispense ses substances délétères qui provoquent déconnexion du réel,
hallucinations et sommeil.

Les vierges initiées
au sabbat étaient ointes d’un mélange de stramoine et de cantharide ; dans
les cassolettes des messes noires brûlaient d’âpres parfums de rue vineuse,
d’herbe-au-somme, de pomme épineuse, agrémentées d’un peu de myrte…

Quant aux
loups-garous, ils ne devaient leur existence qu’à un onguent dont les sorciers
s’enduisaient le corps et qui contenait selon toute vraisemblance du datura, de
la morelle furieuse, du pavot somnifère et quelques autres plantes
psychotropes. La terreur qu’inspiraient les loups au Moyen Age, et les fameuses
battues qu’on organisait contre eux, visaient alors plus souvent à démasquer un
sorcier transformé en loup-garou qu’à protéger quelque poulailler.

Poison pour
l’ignorant, la pomme épineuse est un antidote dans les mains de l’expert :
« Si on a avalé du poison, ajouter à de la sauge sclarée un peu de miel et
un peu de rue ; après cuisson, ajouter un peu de pomme épineuse, filtrer
et boire ainsi, trois fois, après les repas : le poison sera ainsi évacué
ou par vomissement ou par déjection, à moins que ce ne soit un poison qui
apporte la mort. » (Sainte Hildegarde)

Une initiation à la
pomme épineuse, en plein XXème siècle, a fait le tour du monde, grâce à un
ouvrage de Carlos Castaneda portant sur « les enseignements d’un sorcier
yaqui ». L’auteur y décrit en détail toutes les étapes de l’enseignement
ésotérique d’un chaman indien. Mais Castenada était sous l’égide d’un guide.
L’on ne saurait trop recommander au public non averti de considérer avec la
plus extrême prudence les recettes de plantes psychoactives qui circulent
actuellement sur Internet.